lundi 19 juillet 2010



Et songer. Et changer.

Day sixteen – 17.07.2010


= 14h de bus. 3h de 4x4. 1h de chameau. 663km. 13L d’eau =

Cette journée commence sans que la précédente ne trouve sa fin. Le lever du soleil sur les dunes est quelque chose d’absolument inoubliable. Les mots ne suffisent pas pour décrire une telle beauté. Beauté du paysage, beauté de l’atmosphère, beauté de la chaleur dans le cœur, beauté enivrée, beauté infinie. Avec mon ami français, chacun entouré d’un drap blanc, nous nous tenons assis comme deux pyramides humaines sur le haut d’une dune, en plein milieu du désert. Le calme rayonnant par sa présence concurrence le soleil encore timide. Les dunes enfilent des contrastes de lumière et d’ombre qui émerveillent le voyageur. Le bédouin fait sa prière. En communion avec la nature qui l’accueille, il prie allah pour cette journée.

Une fois le soleil brillant à nouveau de toute sa puissance, un autre bédouin pétrit la pâte avant de l’enterrer au milieu d’un tas de cendres. Vingt minutes après, le pain est prêt. Délicieux, il craque sous la dent avec ce petit goût fumé qui me séduit.

Nous reprenons la route avant le retour de la chaleur. En compagnie de mes co-voyageurs français, nous embarquons à nouveau dans le 4x4 conduit par notre très cher conducteur : « 20 ans de conduite dans le désert, zéro accidents ! ». Après ce voyage sportif, nous changeons le 4x4 pour le chameau. Notre guide (« this is absolutely really very very important », toujours, pour tout) nous prévient. C’est comme pour l’avion, les deux moments cruciaux, c’est le décollage, et l’atterrissage. L’expérience me remplit de bonheur. Mon chameau s’appelle Lachgar.

Il a un caractère incroyablement doux. Je rêve de l’emmener avec moi, en Belgique, pour changer enfin le bus contre le chameau. Docile, pas de permis requis, il ne mange et ne boit qu’une fois tous les 15 jours. Que demander de plus ? Je reviens à la réalité. Plus réaliste, j’imagine, un voyage de plusieurs jours à chameau. Pour la prochaine fois, inch allah !

Le paysage me donnant trop pour que je puisse trouver le sommeil la nuit dernière, je me rattrape partiellement dans le « confort » du bus. Lorsque j’ouvre les yeux, le paysage a changé. Nous sillonnons à présent au sein de la chaîne de montagne séparant le Sahara de la Méditerranée. Nous arrivons à Matmata, au sud-est.

Nous découvrons le décor qui a servi au tournage des scènes de Star Wars. Nous rêvons un instant, nous nous transportons un moment, nous vivons la guerre des étoiles. Les maisons troglodytiques, creusées dans la montagne et qui forment une série de cratères, se dessinent. Une famille nous ouvre sa porte pour la découvrir. A l’intérieur, la fraîcheur est incomparable. C’est magnifique.


Je suis sous le charme. En voyant cette stérilité pourtant si riche, je me demande soudain ce que l’Homme cherche réellement. La Nature nous offre tout. Vie. Protection. Art. Beauté. Abondance. Aventure. Savoir. Pourquoi l’Homme s’obstine-t-il à foncer alors qu’il devrait plutôt s’arrêter. S’arrêter pour constater. S’arrêter un instant pour s’arrêter toujours. Pour contempler. Pour admirer. Pour réfléchir. Réfléchir à son être, à sa vie, à son but, à ses moyens. J’ai la chance, et c’est vraiment une chance offerte à peu d’entre nous, d’avoir eu l’opportunité exacte et le contexte parfait pour m’arrêter. Et songer. Et changer.

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