samedi 31 juillet 2010


Le pouvoir d’un paysage, le pouvoir de la musique

Day twenty eight - 29.07.2010 (écrit le 30.07.2010)

Dix. Quinze minutes maximum. Tous les jours depuis que je suis arrivée, le soleil, si présent à Tunis, a rendez-vous avec un ciel arborant toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Juste en face de ma fenêtre. Aujourd’hui, pour la première fois, j’ai l’honneur d’assister au spectacle. Quand j’y pense, je dois être la seule, à l’exception de deux ou trois, à avoir le privilège de pouvoir contempler une telle merveille aujourd'hui.

Sans prévenir, un trait d’un rouge vif apparaît à l’horizon que forment les bâtiments. Pourtant puissante, cette fine ligne est tremblotante. Lentement et rapidement à la fois, ce trait s’épaissit. Finalement, le soleil apparaît comme une montgolfière au dessus de Tunis. En l’espace d’une minute, le soleil devient impossible à fixer des yeux. C’est comme si pouvoir l’observer était un privilège tel qu’il serait accessible uniquement quelques minutes de la journée, au risque de devenir banal.

L’examen oral d’hier se passe plutôt bien. Après une heure d'examen de compréhension, j’ai quatre heures d’attente avant de passer l’expression orale. Je crois devenir folle. Les deux premières heures et demi passent relativement vite, mais les derniers moments me paraissent une éternité. Au moment de passer, je me tiens devant deux professeurs aussi fatigués et lassés de cette journée que moi. L’examen se passe bien. Nous parlons, rigolons, échangeons, partageons. Soulagée d’en avoir fini, je sors le cœur léger.

Le soir, nous décidons de retourner au Festival international de Carthage pour assister au concert d’Idir. Cette nuit, mon cœur bat en double. Plus puissant que jamais, il reflète la force des émotions que je vis. Après un mois d’aventures et de découvertes, mon cœur est encore aussi émerveillé qu’un enfant par le spectacle qui s’offre à moi.

La musique a un pouvoir immense. Poétique, engagée, dansante ou bien reposante, sa magie est d’ouvrir le cœur des Hommes et de laisser paraître jusqu’aux sentiments les plus profonds. Qui n’a jamais pleuré en écoutant telle ou telle chanson ? Qui n’a pas senti son cœur vibrer d’émotion au son de telle ou telle autre ? La musique est la langue des émotions. C’est la langue universelle parfaite, la meilleure solution à la malédiction de la multiplication des langues suite à l’épisode de la tour de Babel.

Par un enchaînement de notes, par un soupçon de magie dans les mots, la musique reste le seul moyen de communication qui fait abstraction des différences de cultures et de religion. Une mélodie gaie sera perçue comme telle par l’ensemble de l’humanité. Elle a le pouvoir de marquer sur le moment, de rester en chantonnant, de revenir en souvenir.

Ainsi, le public, d’abord extrêmement calme et réservé, grimpe d’émotion au fur et à mesure qu'Ismael Lô, qui précédera M. Idir, s’exécute. Certains, isolés, se lèvent, dansent, chantent. Nous ne tardons pas à les suivre. Ismael Lô est nigérien. Il chante pour l’Afrique, son Afrique, notre Afrique. Ce rythme, cette mélodie, ces tam-tams. Tout va direct à mon cœur. Mon cœur a grandi en Afrique, il retrouve ses racines.

Enfants, nos cœur sont, même si vulnérables, absolument ouverts. Chaque expérience, chaque échange, chaque partage, fait grandir notre coeur. Une fois adulte, nous encageons notre cœur et au lieu de faire grandir celui-ci, c’est plutôt la tête que nous laissons grandir.


Le présent est déjà passé et le futur est déjà présent. Avant de nous en rendre compte, le passé a dépassé le futur. Ce futur devient passé. La vie ne s’arrête pas. A nous de trouver notre propre rythme, notre propre ambition.

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